Au Gabon, la faible densité médicale a conduit les autorités sanitaires à élargir le champ personnel en ce qui concerne l’habilitation à prescrire les médicaments. Ainsi selon l’article 24 de notre loi pharmaceutique[1], peuvent prescrire, outre le médecin, le chirurgien-dentiste et le médecin vétérinaire :
- la sage-femme,
- l'assistant médical,
- le kinésithérapeute,
- le technicien supérieur de santé,
- l'infirmier d'Etat.
Si ces habilitations à titre exceptionnel sont particulièrement bénéfiques pour les populations rurales, elles engendrent cependant, dans certains cas, des irrégularités rédactionnelles potentiellement préjudiciables pour le patient. Il est évident qu'un assistant médical en l'occurrence dispose d'une expertise rédactionnelle moindre que celle du médecin ou du chirurgien-dentiste. Que faire alors en tant que patient ?
Dans l'idéal, chaque patient devrait être capable d'apprécier au minimum la qualité formelle des ordonnances qui lui sont délivrées. En effet, il faut savoir que les ordonnances médicales doivent contenir un certain nombre de mentions obligatoires[2]. Pour les prescriptions médicamenteuses notamment[3], il s’agit de :
1. L’identification complète du prescripteur
Doivent figurer son nom, sa qualité, sa spécialité et ses coordonnées professionnelles.
2. L’identification du patient
Doivent être indiqués son nom et son prénom. La mention de l'âge et du poids (voire du sexe) est facultative, sauf lorsque le patient est un enfant.
3. La date de rédaction
Sa mention est impérative. Elle sert non seulement de point de repère dans le suivi médical du patient, mais aussi de garde-fou contre les mésusages. Par exemple, votre pharmacien refusera certainement de vous dispenser un médicament dont la prescription date de plus de trois mois, vous invitant à consulter à nouveau votre médecin pour actualisation.
4. Les médicaments demandés
Chaque médicament doit être indiqué avec le plus de précision possible: son nom commercial et/ou la dénomination commune internationale (DCI) de son principe actif[4]; sa forme pharmaceutique, encore appelée forme galénique (comprimés, sirop, suppositoires, gélules, injection...); son dosage (généralement en grammes, milligrammes ou millilitres) et, éventuellement, sa quantité (nombre de boîtes).
5. La posologie
Le prescripteur doit indiquer le mode d'emploi des médicaments qu'il recommande : quel dosage, combien de fois par jour, l'espacement des prises, avant ou après le repas, etc.
6. La durée du traitement
Elle doit figurer sur l'ordonnance. Toutefois, le prescripteur peut très bien se contenter d'indiquer le nombre de boîtes notamment lorsque la durée du traitement coïncide avec le conditionnement du médicament. C'est par exemple le cas des boîtes de pilules contraceptives qui contiennent généralement 90 comprimés (30 x 3), soit un traitement de 3 mois.
7. La signature du prescripteur
Elle fait foi. Par ailleurs, par sa signature, le prescripteur engage de fait sa responsabilité médicale. Celle-ci pourra donc être recherchée en cas de préjudice pour le patient. Enfin, dans la pratique, il est recommandé de ne pas laisser d'espace entre la liste des médicaments et la signature, le but étant d'éviter d'éventuels ajouts de la main d'un tiers.
[1] Ordonnance n°10/2011 du 11 août 2011 portant organisation du secteur pharmaceutique en République gabonaise.
[2] Au Gabon, les règles en matière de rédaction des prescriptions ne sont pas encore inscrites dans la loi. Les médecins s'appuient donc sur les règles françaises.
[3] Le traitement prescrit peut être non médicamenteux (ex. séances de Kinésithérapie). Dans ce cas, le nom du traitement et son rythme devront être précisés en plus des autres mentions obligatoires (identification, date et signature).
[4] En France, les ordonnances médicales doivent obligatoirement indiquer la DCI depuis le 1er janvier 2015. L'objectif est de ne pas favoriser les marques et de rendre possible l'usage à l'étranger d'une ordonnance rédigée en France.
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