Le milieu médical est régi par des principes déontologiques rigoureux, parmi lesquels figure le devoir de confraternité. Ce dernier commande aux médecins de se soutenir mutuellement et de faire preuve de solidarité professionnelle. Cependant, ce principe peut parfois être mal interprété, entraînant des dérives qui frisent la complicité. Où se situe alors la frontière entre le devoir de confraternité et la complicité ?
Le devoir de confraternité : un pilier de la déontologie médicale
Le Code de déontologie médicale, en son article 9, dispose : « Il est de bonne confraternité de prendre la défense d’un confrère injustement attaqué. ». Ce texte met en avant l’importance de la solidarité entre médecins, notamment face à des accusations infondées ou exagérées.
Le devoir de confraternité impose aux médecins plusieurs obligations concrètes :
Respect mutuel et assistance morale : Les médecins doivent se soutenir mutuellement, offrant un appui moral et professionnel à leurs confrères.
Résolution amiable des conflits : Avant de recourir à des mesures formelles, les conflits d’ordre professionnel doivent être résolus par le dialogue et la médiation.
Non-détournement de clientèle : Il est interdit de tenter de détourner la clientèle d’un confrère, à moins que le patient ne demande explicitement à changer de médecin.
Abstention de médire : Les médecins doivent éviter de critiquer ou de propager des rumeurs sur leurs confrères, préservant ainsi leur réputation professionnelle.
Ces obligations visent à maintenir une atmosphère de coopération et de soutien au sein de la communauté médicale, essentielle pour un exercice harmonieux de la profession.
Les dérives vers la complicité
Dès lors que des accusations sont portées à l’encontre d’un médecin, la communauté médicale a tendance à adopter une posture défensive tout en brandissant le sacro-saint devoir de confraternité qui, aux yeux de certains médecins, interdirait de dénoncer ou de témoigner contre un confrère.
Cependant, le devoir de confraternité ne doit pas être confondu avec de la complicité, surtout lorsque des fautes médicales sont en jeu. La solidarité entre médecins ne doit jamais justifier la dissimulation d'erreurs professionnelles. Lorsqu’un médecin commet une faute, qu’elle soit technique, éthique ou déontologique, couvrir cette faute au nom de la confraternité devient de la complicité. Et les conséquences de cette complicité peuvent être graves tant pour le professionnel de santé concerné que pour les victimes.
En effet, en cas de faute médicale constituant une infraction pénale, les médecins complices peuvent être tenus responsables et sanctionnés au même titre que l’auteur principal.
Couvrir une faute va à l’encontre du serment médical de « ne pas nuire » (Primum non nocere), trahissant ainsi la confiance des patients et compromettant leur sécurité.
Ainsi la ligne rouge entre devoir de confraternité et complicité est-elle bien définie. Le devoir de confraternité doit rester un soutien moral et professionnel, sans jamais excuser ou couvrir des fautes médicales.
Protéger les patients et maintenir l’intégrité de la profession médicale sont des impératifs qui doivent toujours prévaloir. Respecter cette ligne rouge, c’est garantir une pratique médicale éthique et digne de confiance, où l’intérêt des patients reste la priorité absolue.
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